Kaaris : la déchéance d'un milieu


Je vais faire appel à la toute-puissance de la modération pour pouvoir écrire cet article sans partir dans un pamphlet d'une violence inouïe. Cela fait quelques temps que j'ai envie de parler de ce rappeur et la sortie de son dernier clip S.E.V.R.A.N. représente la piscine de trop.

Kaaris, véritable phénomène dans le milieu du rap français. Ça, personne ne peut le nier. Les ventes étaient estimées à 15 000 unités avant que l'album ne sorte, il est devenu disque d'or (150 000) seulement deux mois après sa sortie. Si bien que moins de 6 mois après la première release, Kaaris a sorti une deuxième version de son album avec des ajouts pour contenter l'amateur de rap hardcore et de trap. Un raz de marée. 
Depuis son featuring avec Booba, dont les similarités "musicales" sont aussi proches que leur amitié, Kaaris est devenu l'emblème d'un style hard du rap et d'un flow coupé à la machette. Le problème ne vient pas du style, qui plait ou ne plait pas mais de son image et de son message. Je ne le cacherai pas : pour moi Kaaris est une menace pour la culture française et on est en plein dans l'incitation à la haine. Kaaris cristallise à lui seul toutes les pires déviances du rap français : mégalomanie, racisme, ultra-violence, claque à l'Islam, misogynie, pouvoir de l'argent, homophobie etc. On ne peut même plus faire la liste des imbécillités qu'il profère tellement chaque punchline est horrible de vulgarité.

Son dernier clip en est l'exact reflet : le regarder devient une épreuve qui résume tout ce qui fait du personnage une menace pour ses auditeurs. Les points de vue sont simples : on passe de scènes avec une armée de blacks encagoulés avec des kalachnikovs, meufs à poil dans des poses qui ne sont même plus suggestives, les grosses bagnoles et les muscles saillants. Comment rester objectif devant ce déballage de grossièretés qui choquent autant l’œil que l'oreille ?   

Les gangs ultra-armés ne sont pas son seul fait, on retrouve ces images dans pas mal de clips (Tandem - 93 hardcore ou encore Seth Gueko - Patate de Forain) mais pour moi c'est une des iconographies qui me paraît le pire dans le milieu du rap. Pourquoi cette ostentation de la militarisation ? Cela représente-t-il l'image des gus de banlieue qui croient lutter contre le système à la manière de terroristes maquisards ? En réalisant de la musique qu'ils vendent sur iTunes et leurs clips qu'ils passent sur VEVO ? On y croit tous. 
Les images de femmes qui se trémoussent en gaine et porte-jarretelles comme des putes pour le plaisir de ces messieurs est aussi bien représentatif de la mythologie que les rappeurs de banlieue ont mis en place depuis des années et ce fantasme de la femme blanche qui leur est soumise. Parce que « choper de la blanche » reste pour eux le top dans les cités alors en avoir comme animal de compagnie représente un statut seigneurial pour le petit fils d’immigrant sans le sou. Quelle belle image du communautarisme.

Et le fric, ah le fric. Grande constante à base de chaînes à la Mister T, bagnoles hors de prix. Et on brûle des billets de Monopoly par dizaines, et on se lave le visage avec un lavabo rempli de billets de 500€. La mégalomanie éhontée dont fait preuve Kaaris pourrait finalement passer pour commune dans l’imagerie. Pas la peine d’avoir fait Science Po pour comprendre à quel point les rappeurs compensent leur paupérisation réelle par une image de toute-puissance dans leur clip. Mais le niveau de bêtise dans l’iconographie dont fait preuve Kaaris est remarquable à plus d’un titre.

Je finis par un petit mot sur la religion parce que c’est un sujet dans le rap et dans les banlieues qui m’interroge vraiment. J’essaye de comprendre pourquoi les mecs nous font la leçon sur la grandeur de leur religion où seul Allah est grand alors qu’ils ne sont même pas capables de respecter leurs lignes de conduite. Je veux dire, quand tu es un bon musulman, la moindre des choses c’est de ne pas boire d’alcool, de ne pas manger de porc, de ne pas fumer ni de prendre de drogue. C’est comme pour un catholique, faire preuve d’ostentation et accumuler les richesses, comme le meutre ou le vol, sont normalement contraires à ce qui est dit dans la Bible. Je préviens, je ne suis pas théologien mais je pense ne pas me tromper. Si un musulman veut me corriger, qu’il n’hésite pas. Mais voir un mec qui fume de la beuh et tise de la vodka déclamer des paroles sacrées, là je ne comprends pas. À part être une baltringue, y’a pas d’autre explication. Le rappeur Mysa a fait un excellent morceau d’ailleurs pour expliquer en quoi ces rappeurs vendus trahissent la foi de leur religion en se travestissant.  

Si je détaille tout ça et que je fais un article sur ce rappeur, c’est avant tout parce que j’estime que tout ce déferlement de violence a un très mauvais impact sur les populations plus jeunes. Moi j’ai 31 ans, les conneries je peux les encaisser sans broncher. Mais je pense aux jeunes qui écoutent ça toute la journée, qui apprennent les paroles et qui reproduisent les signes avec leurs doigts, ce sont eux les cibles privilégiées de ces rappeurs. À se rentrer à longueur de journée des phrases du style « J’encule Brandon et Dylan / Si ces pédés crament au napalm je veux la palme » ou « On jette grand-mère dans les orties / Beaucoup de cyprine dans les shorties »  faut pas se demander si un petit de 12/13 ans commencent à péter des plombs sur certains sujets. La musique et la répétition sont de très forts vecteurs de coercition. Et qu’on ne me dise pas que chacun fait la part des choses. Quand t’es préado t’es aussi influençable qu’un politicien véreux, on peut faire de toi ce qu’on veut en te bourrant le crâne avec des âneries.

En tous cas avoir ce genre de discours quand on est un homme de 34 ans, c’est vraiment scandaleux. Je pense que de regarder le point d'enfoncement des rappeurs est un bon indicateur de la santé mentale de la société et une chose est sûre : notre société ne va pas bien. 

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