Vivre avec un TAS (non pas celui du speedrun)



Pour dire la vérité, j’ai beaucoup d’appréhension à publier ce billet. Non parce que j’ai du mal à parler de ce problème de santé mais plutôt des réactions qu’il peut susciter. Je ne suis pas plus à plaindre qu’un autre mais je sais que lorsqu’on aborde des sujets personnels, certains aiment salir les gens qui expriment une partie de leur intimité.

Mais bon, comme j’y ai fait référence pas mal de fois lors de mes streams, autant en parler franchement. Je sais que certains savent que j’ai quelques problèmes mais ne savent pas vraiment ce qu’il se passe. Donc voilà, je souffre de trouble de l'anxiété sociale.

Ce sont apparemment les troubles les plus répandus dans la société à des échelles différentes, principalement chez les femmes et les jeunes adultes. Alors bien sûr, on a tous des phases d’anxiété et c’est normal. Que l’on passe un oral lorsqu’on est étudiant à devoir diriger une réunion en entreprise, ces scènes génèrent naturellement de l’anxiété. Mais quand ces situations de stress permanent deviennent quotidiennes et intenses -et empêchent le fonctionnement quotidien-, elles deviennent un trouble. Pour faire un historique, et vous allez voir que ça ne part de rien, j’ai commencé à avoir des besoins de quitter la salle pour aller aux toilettes en terminale, à quatre mois du bac. J’avais 19 ans et ce besoin s’est manifesté toutes les deux heures, puis toutes les heures une semaine après, jusqu’à m’empêcher de vivre correctement la fin de ma scolarité lycéenne. J’ai loupé les quatre derniers mois de classe mais suis sorti avec le bac, et c’était parti pour que ces tensions ne me quittent plus.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que sans facteur déclencheur apparent, j’ai associé les toilettes à une paix intérieure, un endroit où je suis seul et où je peux m’isoler des situations sociales. Et de ce TOC est née une anxiété qui s’est généralisée au fil des ans. Alors en quoi est-ce différent des angoisses que chacun a ? Déjà le motif de leur apparition : il m’est très difficile d’être dans des situations où je ne connais pas les personnes ou l’environnement. Et bien sûr s’il n’y a pas de toilettes mon anxiété devient incontrôlable. Aller au cinéma m’est très difficile, pareil pour me promener en ville ou aller à la plage, prendre un McDo au drive... Tout environnement qui sort de ma routine est facteur d’un stress intense. Certaines personnes ont ces troubles face à une situation particulière : prendre les transports en commun, aller faire les courses… Moi c’est pour tout ce qui sort de ma routine.

Le deuxième point qui le différencie qu’une anxiété classique, c’est l’intensité de l’angoisse. Comme je le disais, tout le monde a de l’anxiété mais prendre le bus ne vous provoque pas des bouffées de chaleur et une panique incontrôlable. Et comme cette tendance est généralisée chez moi, il m’est quasiment impossible de faire face à de nombreuses situations qui sont classiques pour n’importe qui. Et quand j’arrive à une situation qui provoque naturellement du stress, là ça devient insoutenable. Pour prendre quelques exemples qui vous parleront, les quelques scènes que j’ai fait ont toujours été pour moi un moment d’anticipation absolument pétrifiant. Le problème que j’ai c’est que dès que je sais que je vais faire quelque chose d’inhabituel, et en présence de gens, je ne quitte plus cet état de stress pendant des jours, jusqu’à ce que l’évènement arrive. Les quelques minutes avant de le faire sont d’une horreur absolue. Et une fois que j’y suis tout se passe bien. Imaginez donc mes interventions sur la scène du Stunfest et l’anxiété qu’elles ont causées.

Je ne vous parle pas de mes entretiens d’embauche qui sont ce qu’il y a de pire pour moi. Sans en faire trop je pense, j’ai sincèrement cru que j’allais mourir d’asphyxie en attendant de rentrer dans la salle tellement j’étais stressé.

Comment faire donc pour essayer de vivre « normalement » quand toute situation créé du stress ? Il y a plusieurs choses : j’ai instauré dans ma vie une routine qui est composée de choses dont j’ai l’habitude et qui me servent de point de repère. Les actes que je répète ne me posent plus trop de problème. Par exemple faire les courses. Le deuxième point c’est de systématiquement étudier quelles sont mes solutions pour trouver des toilettes ou repartir. Sinon il y a des techniques de sophrologie que j’applique pour essaye de me calmer et de ne pas focaliser mon stress sur l’envie d’aller aux toilettes. C’est particulièrement le cas dans les transports en commun. Et bien sûr il faut travailler avec un professionnel pour trouver des moyens d’abord de contenir les crises puis d’essayer de faire disparaître cette anxiété. Si les exercices ne suffisent pas –comme moi- on a recours à des médicaments pour inhiber les crises et pouvoir vivre à peu près nomalement.

En tous cas ça fait maintenant 12 ans que je me bats avec ça et je ne me suis jamais rien refusé parce que si on commence à faire l’impasse, on ne vit plus. Bien sûr certains trucs comme le cinéma ou la plage restent encore bannis mais que ce soit des soirées, des voyages à Paris ou des rendez-vous professionnels j’ai toujours tout fait en essayant de « deal with it » sur le moment. La plupart du temps ça marche, des fois moins et je dois rentrer. Mais j’ai bien l’intention de quitter cet état un jour pour pouvoir sortir de manière normale et passer du temps agréable sans penser à gérer mon angoisse. 

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